Skye&Clay

« BACK TO THE START NOW »

Une journée comme les autres sans doute, c’est-ce que laissait présager le réveil sonnant au matin, venant tirer Clay d’un sommeil peu profond et agitait comme toujours depuis bien des années. Le jeune homme éteignit l’engin d’un coup de poing. Il laissa échapper un soupire avant de sortir de son lit et d filer sous la douche, longue douche sous laquelle il se serait encore plus éternisée si l’eau ne tournait pas au froid. Une fois enfin sortit de la douche, il s’habilla prenant les premières fringues lui tombant sous la main avant de se diriger vers la cuisine. Un nouveau soupire s’échappa de ses lèvres quand il regarda l’évier dans lequel la vaisselle s’était légèrement accumulée, il allait forcément arriver un moment où, il allait être contraint de la faire, ne serait-ce que par simple question d’hygiène, autant le reste de la maison était à peu prés propre, si ce n’est deux trois trucs qui trainaient de ci, de là, mais la cuisine, c’était officiellement comparable à Hiroshima en quarante cinq ! Clay resta plusieurs minutes dépité devant la dite cuisine, depuis qu’il était célibataire, c’était vraiment un carnage, il faut croire que même un mec d’un mètre quatre-vingt-treize et bien quatre-vingt kilos avait besoin de quelqu’un pour s’occuper de lui ! Tant pis, dans un nouveau soupire, il finit par se dire qu’il s’arrêterait prendre un café au blue bottle et qu’il rangerait tout ça en rentrant chez lui ce soir, réflexion qu’il se faisait chaque matin depuis au moins une semaine, avant d’enfiler sa veste, de prendre ses clés et de quitter son appartement. C’est donc un programme habituel que suivit le jeune homme en cet fraiche journée de janvier, d’abord le café au blue bottle, puis direction le journal pour une journée de boulot aussi ennuyeuse que les autres. Faut dire que journaliste à Winchester, c’était pas terrible, il aurait mieux fait de partir à New York ou dans une toute autre grande ville des Etats-Unis, plus peuplée, et où ils se passent plus de choses. Bien sûr à Winchester ces derniers temps, il y avait la folie des meurtres et autres fantômes. Fantômes qui selon notre très cher Clay n’étaient que des conneries dépitées par des espèces de paranoïaques assez stupides pour croire qu’il y avait après la mort, un semblant de vie. La triste réalité, aux yeux du jeune homme c’était qu’une fois qu’on était mort, on était mort et puis un point c’est tout, pas de fantômes, pas de paradis et pas d’enfer, juste la mort. C’était sans doute un peu sombre comme vision des choses, mais ça reste comme même le point de vu d’un très grand nombre de non chrétiens peuplant notre très chère planète bleue, alors le petit Clay n’était pas si différent que ça des autres terriens, même s’il faut quand même préciser qu’il voit toujours le verre à moitié plein et que l’espoir ne fait plus parti depuis longtemps aux choses auxquelles il est capable de croire, donc on ne peut pas non plus dire qu’il n’est pas définitivement défaitiste ce pauvre homme ! Bref, les fantômes étaient bien l’un des sujets de conversation que l’on pouvait trouver à chaque coin de rue depuis quelques temps et évidemment, le journal de la ville ne faisait pas exception à la règle. Il y avait pas mal de gens complètement obsédés par les histoires de fantômes, alors forcément, la plupart des journalistes écrivaient la dessus, après tout, si ça intéresse les gens c’est quelque chose qu’il faut exploiter pour se faire du pognon. Clay quant à lui, préférait presque se consacrer à la rubrique « gastronomie dans le monde » plutôt qu’à ce qu’il qualifié haut et fort de conneries, bien que franchement la gastronomie c’était loin d’être son truc, faut dire que niveau cuisine, pour lui-même faire des pâte ça devient vite du High level ! Enfin bref, tout ça pour dire que cette journée de boulot avait été particulièrement chiante, comme beaucoup d’autres, et plus les jours passaient, plus il songer à quitter cette ville. Déjà au boulot c’est pas la joie, ailleurs ce serait sans doute mieux et puis, y a un malade mental psychopathe qui traine en ville, alors même si Clay n’est pas du genre grand pétochards, il n’est pas non plus du genre à ce dire « chouette, y a un psychopathe en ville, tip top caviar ! » heureusement d’ailleurs parce que s’il disait ça, en plus d’être complètement fou, il utiliserait les expressions de Marty (Le zèbre dans Madagascar pour les incultes xD) ! Mais bon, le jeune homme n’avait pourtant pas pris la décision de quitter cette ville, peut être parce qu’il y était trop attaché après tout, il est né dans cette ville, il a grandit dans cette ville, il s’est même marié ici ! Accessoirement, sa femme est morte aussi ici mais tout de suite ça fait moins point d’attache, enfin bref, il était donc toujours à Winchester et quoi qu’il en dise, il n’était certainement pas prêt de quitter cette charmante - ou pas - petite bourgade du fin fond de l’Indiana.

Sa journée de boulot enfin terminée, Clay repartit vers chez lui, passant d’abord à la pizzeria parce qu’il devait manger ce soir, comme tout les soirs et qu’il était carrément nul en cuisine alors mieux vaut il pour sa santé mais aussi pour ses pupilles gustative, acheter des plats tout préparer parce que même les pâtes et la purée made in Clay c’est quasiment imbouffable, pauvre homme. Il faudra envisager de faire en son nom une annonce matrimoniale dans le journal - en plus il est journaliste il pourrait la faire passer facilement - genre « Jeune homme de vingt-huit ans célibataire depuis trop longtemps cherche copine, douée en cuisine et capable de faire le ménage, car en plus d’être célibataire endurci, monsieur est mauvais cuisinier et très bordélique ! » vous avouerez que ce n’est pas sûr qu’il ait beaucoup de candidates, à part peut être si on rajoute une photo de lui tiens ! En tout cas la joueuse voudrait bien faire la cuisine et le ménage pour un type ayant le physique de Clay ! Bref, il a quand même encore trop d’honneur et de fierté pour aller passer une annonce dans le journal. Peut être qu’un jour, il rencontrera quelqu’un après tout, mais pour l’heure, il devait rentre chez lui après cette dure journée de boulot. Après avoir reposé sa veste sur le porte manteau, notre jeune homme retourna dans cette cuisine qu’il avait laissé dans un état pitoyable le matin même, dans un soupire, il posa sa fameuse pizza sur un coin de la table et dans un élan de courage tiré de dieu seul sait où, Clay commença enfin à faire la vaisselle ! Miracle, la vaisselle accumulée au cours des jours, diminua petit à petit, lentement mais sûrement dans la très grande motivation de notre ami. Il était plutôt bien partit dans sa lancée, quand, la sonnette de son appartement retentit, le coupant ainsi dans sa progression. Encore un soupire, le énième de la journée, il attrapa le torchon pour s’essuyer les mains avant de quitter sa petite cuisine pour se rendre dans le hall. Il n’avait strictement aucune idée de qui ça pouvait bien être, de toute évidence il n’attendait personne ce soir, en principe, il n’attendait jamais personne de toute façon, une vraie ermite cet enfant là, c’était peut être des témoins de Jehova venus pour lui casser les couilles avec leurs histoires de religion à la con ou autre conneries, bref préparé à les envoyé chier, il ouvrit la porte pour se retrouver face à … Skye. Surprenant, voilà une visite à laquelle il ne s’attendrait certainement pas et vu comment ils s’étaient quittés la dernières fois qu’il s’étaient vu, il ne savait pas qu’il préférait se trouver face à elle ou fasse aux témoins de Jehova ! Il fronça légèrement les sourcils en la voyant et mit quelques secondes avant d’atterrir complètement.

« Skye ? Qu’est-ce que tu fais ici ? »

La dernière fois qu’il avait vu la jeune femme, c’était à Indianapolis, filant le parfait amour avec ce type qui avait plutôt l’air d’un connard fini, qui ne méritait carrément pas une fille comme Skye. Jalousie ? Après réflexion oui, peut être que si ce jour là Skye et lui s’était engueulés c’était parce que Clay avait eu un soudain élan de jalousie à cause duquel il avait désapprouvé la relation de Skye avec son nouveau petit copain. Ou peut être juste qu’il l’avait carrément mal sentit ce type, il avait clairement l’air d’être un con alors bon. Oui, jugement hâtif parce que Clay ne lui avait même pas parlé à ce type, mais ne dit on pas souvent que la première impression est toujours la meilleur ? Bah voilà, la première impression de Clay avait été que le copain de Skye était un con, et il n’avait toujours pas changé d’avis depuis qu’il s’était disputé avec Skye, en plus il n’était même pas avec lui à l’heure actuelle, heureusement d’ailleurs, parce que Clay laisse très rarement les cons entrer dans son appartement, mais c’était bizarre qu’elle se pointe à Winchester seule comme ça, sans même prévenir. Voilà un mystère qu’il serait bon d’éclaircir, d’autant plus qu’il y a des chance pour qu’il donne raison à notre petit - ou grand - Clay !

Skye&Clay

“But that’s the way that it goes and it’s what no body knows”
Des kilomètres… centaines. Encore et encore, défilant devant ses yeux depuis longtemps. Trop longtemps. Sa tête appuyée contre le dos de sa main, elle ferma un instant les yeux… profiter. Respirer. Oublier. “You say the words that i can’t say. I feel fine and i feel good” Winchester s’avérait être finalement plus loin d’Indianapolis qu’elle ne l’aurait imaginé. Peut-être était-ce un signe… Un genre de mauvais augure pour lui faire comprendre qu’elle n’avait plus rien à faire dans cette ville qu’elle avait reniée quelques années auparavant. Pour quoi ? Ca…
« Alors… qu’est c’qu’y vous amène à Winchester ? »
Qu’est ce qu’y pouvait bien l’amener à retourner dans sa ville natale ? Ce pathétique coin paumé qu’elle avait voulu à tout prix quitter il y a de cela des années ? Secret… c’était un secret. Menée par le désespoir, guidée par un espoir fou. Rédemption. Elle avait besoin de rédemption, d’en trouver une quelconque dans cette ville. Histoire de pouvoir démarrer un soupçon de nouvelle vie, se reconstruire tout simplement. Relevant le regard vers l’homme avec qui elle faisait la route, elle finit par avoir un faible sourire. Fade. Mais ça semblait lui suffire à lui, tandis qu’il avait son regard qui dérivait entre la route, et sa compagnonne de route. Un charmant homme, au regard un peu fuyant vers son décolleté… mais qu’importe, tant qu’il se contentait de ça.
« Mon fiancé. J’vais retrouver mon fiancé là-bas. »
Fieffé mensonge, mais qu’importe. Elle reposa son regard sur la route, observant un instant les alentours, obligée de plisser les yeux à cause de la lumière du soleil. Il faisait chaud aujourd’hui, sur cette route, aussi surprenant que cela puisse paraître. L’Indiana n’était pas non plus l’état le plus exposé aux intempéries compromettant les chaleurs…
« Et il vous a laissée comme ça ?! Une femme comme vous, seule au bord de la route ? »
Un nouveau sourire. Si seulement… la situation aurait sans doute été moins critique si ça avait été le cas. “My to admit to my self that if i had someone else they'll never see what just were meant to be” . Elle avait juste pris la fuite. Elle était partie le plus vite possible, dès qu’elle en avait eu l’occasion… dès qu’elle avait compris.
« Non. Non… Je suis censée le rejoindre chez ses parents… Vous savez… l’annonce et tout ça. Il veut tout faire dans les règles. Mais ma voiture est tombée en rade… à quelques kilomètres. Et j’veux pas le déranger alors qu’il ne reste qu’une heure de route. »
Oui, son mensonge était relativement bien travaillé… il faut dire, qu’elle en avait vu des personnes qui l’avaient prise dans leur voiture et qui lui avaient posé des questions. Curieux. Elle avait finalement réussi à bien mentir, tandis qu’elle s’était effondrée en larmes auprès de la première personne qui avait eu assez de pitié pour la prendre dans sa voiture.
« Ca s’fait pas en tout cas. Vous êtes pas censée conduire en plus, j’me trompe ? »
« Vous êtes gentil. Merci… »
C’était bien un gentil home sur lequel elle était tombée… une chance. Elle qui aurait cru qu’elle tomberait sur des pervers à chaque fois qu’elle allait faire du stop. Elle regardait définitivement trop les séries. Sans un mot et tandis que l’homme esquissait visiblement un sourire au compliment de Skye, elle passa une main sur son ventre rebondi par les mois qui étaient passés, caressant avec douceur l’enfant qu’elle portait. “And waiting for that final moment…”

♣♣♣

Pluie. Sensation glaciale qui lui arracha un frisson alors qu’elle resserrait sa veste autour de son corps, protégeant sa progéniture pas encore née du mieux qu’elle le pouvait. Là où son père semblait mieux vivre sans. La ville n’avait pas changé, comme dans ses souvenirs… identique à tout point à la Winchester qu’elle avait quittée bien six ans auparavant. L’envol du jeune adulte. Qui sait, elle aurait peut-être mieux fait d’attendre un peu plus longtemps. La voilà aujourd’hui back to home… pleine de remords. Pleine de regrets. Et surtout, amère… pleine de rêves qui ne s’étaient finalement jamais concrétisés.

« SKYE ! Attends, on peut en parler au moins ! »
« Parler ?! Alors que tu viens d’me présenter des papiers pour qu’on puisse filer notre enfant à des gens qu’on connaît même pas ?! »
« Tu sais très bien pourquoi j’fais ça, arrête avec tes caprices de gamine ! C’est pas comme si on avait les moyens d’assumer notre connerie ! »
Connerie ?! C’était comme ça qu’il voyait ce bébé qui allait naître ?! Elle sentit son cœur manquer un raté, si bien qu’elle finit par attraper sa veste avec rage, adressant un regard foudroyant à Grayson avant de sortir, claquant la porte derrière elle. Comme toujours.

Et voilà que quelques jours à peine après, elle se retrouvait là. A Winchester. Fatiguée… Elle avait faim en plus. Pourtant elle avait mangé un morceau dans le petit café du coin en arrivant… le plus surprenant étant que le propriétaire du café l’avait reconnue. Bientôt la rumeur allait enfler les rues. La fille Withaker était revenue d’Indianapolis… avec de beaux faux récits à raconter. La vie là-bas n’avait définitivement rien à voir avec ce qu’elle avait imaginé, pour ne pas dire qu’elle s’était même complètement plantée. Elle réprima un frisson, accélérant légèrement l’allure. Quelle folie de quitter sa miteuse chambre de motel par un temps pareil… mais impossible qu’elle reste sans rien faire alors qu’elle avait tellement besoin de… d’agir. De ne pas s’effondrer. Peut-être que la chute allait être plus douloureuse qu’elle l’imaginait à cet instant précis, peut-être qu’Il allait l’envoyer promener comme elle l’avait fait quelques années plus tôt, lorsqu’elle lui avait claqué la porte au nez, lui faisant fièrement comprendre que rien de ce qu’Il dirait ne pourrait lui gâcher son… pseudo bonheur. Ou du moins, le pseudo espoir auquel elle s’était finalement raccrochée. Il n’avait toujours su qu’une partie de l’histoire. Il l’avait toujours crue étudiante, là où elle avait échoué depuis un moment déjà, et où elle avait fini dans un métier des plus… dégradants. Alors oui, quelque part, Grayson avait été le seul et unique symbole d’une possible meilleure vie… là où Clay, lui, s’était tourné vers sa propre vie. Il l’avait en quelque sorte, abandonnée en premier… elle n’avait fait que laisser échapper toute sa rancœur entassée. Trop de douleurs, trop de souffrances… Elle s’était tue pour qu’il découvre le bonheur de pouvoir être amoureux sans conséquence, sans avoir la culpabilité d’avoir fait souffrir quelqu’un par la même occasion… et pourtant, de son côté, il ne lui avait visiblement pas laissé cette chance. Pendant des semaines, des mois, elle avait décroché chaque matin son téléphone, pour finalement rester sans rien faire, si ce n’est réfléchir, pendant de longues minutes. Avant d’abandonner. Pathétique. Arrivant devant l’immeuble, elle se stoppa, crispant soudainement la mâchoire. Elle avait envie de pleurer, tant la sensation de regret venait subitement lui tordre les boyaux à cet instant précis… à croire qu’elle était prise d’une soudaine crise de contractions. D’un rapide geste de la main, elle essuya la pluie sur son visage… pour pas grand-chose, vu toutes les gouttes qui s’abattaient déjà sur elle. Qui sait quand elle allait se stopper… quand elle serait à l’intérieur sans doute, mais au moins, les choses ne faisaient que bien accompagner l’état dans lequel elle se trouvait au plus profond de son esprit, derrière les sourires d’apparence qui l’accompagnaient depuis qu’elle avait quitté Indianapolis. Belle connerie peut-être. Elle avait perdu son boulot, sans argent, ou presque… Et un bébé qui allait pointer son nez d’ici peu. Trop peu de temps. Finalement, peut-être que son geste irréfléchi allait vraiment l’amener à devoir abandonner cet enfant, alors que c’était juste la seule et unique pensée qui la révulsait le plus à cet instant précis. Certes… tomber enceinte dans leur situation n’avait pas été la meilleure chose possible pour eux… et pourtant, elle avait cru qu’il avait fini par accepter la chose, tandis que pendant de nombreux mois, il s’était contenté de rester sceptique face à cette grossesse. Finalement, l’acceptation n’avait été que d’apparences… ou due à la lassitude de voir Skye gagner de plus en plus de ventre avec les mois. C’est vrai, il n’avait jamais eu les gestes de tendresse que pouvaient avoir tous les autres futurs papas… pour ne pas dire que même ce bébé et l’attitude de Grayson n’avaient fait que mieux ouvrir les yeux de la jeune femme. Nouvelle hésitation. Elle pinça les lèvres, avant de finalement ouvrir la porte, entrant dans le hall de l’immeuble avec la peur au ventre. Sensation qu’elle connaissait depuis un bon moment déjà, à chaque fois qu’elle avait du monter sur un podium devant des mecs en rut prêts à lui sauter dessus à la moindre faute d’attention qu’elle aurait pu faire. Ouais, c’était comme ça qu’elle avait toujours vu son boulot. Appuyant sur l’interrupteur, elle prit quelques instants pour chercher les noms sur les boîtes aux lettres disponibles devant elle. Montgomery. Il était toujours là… Seul ? Aucune idée… elle avait, après tout, été si lâche lorsque Narcissa était morte… la seule chose qu’elle avait trouvé à faire, c’était se retourner contre lui. Pour une belle connerie. Pinçant encore les lèvres, elle se laissa aller à s’appuyer contre le mur, passant ses mains sur son visage, puis sur ses cheveux trempés pour les tirer un peu en arrière et reprendre ses esprits.

Il fallait qu’elle se ressaisisse, pas qu’elle s’effondre encore plus. Elle n’était pas venue à Winchester pour être hantée par ses vieux fantômes, mais bien pour tenter d’oublier, de promettre à son bébé une belle vie… ou du moins, la meilleure vie qu’elle allait pouvoir lui offrir. Allez savoir comment celle-ci allait être. Pas bien brillante, pour ne pas dire misérable, pour le moment. Elle ne voulait pas faiblir, pour ne pas dire d’ailleurs, qu’elle ne devait pas faiblir. Tenir bon, ne pas lâcher. Après tout, elle l’avait abandonné déjà une fois, et accepter la chose avait déjà été plus dur pour elle qu’elle ne l’aurait imaginé. En abandonnant Grayson, elle avait fini par comprendre que pour lui, elle avait peu à peu tout perdu… Ses amis, ses rêves, sa vie passée… et puis finalement, Clay lui-même. Dire que pendant des années, ils avaient cru que seule la distance serait capable de les éloigner. Dire qu’ils avaient grandi ensemble, qu’ils s’étaient pendant longtemps connus par cœur ou presque. Finalement, elle s’était révélée être plus décevante qu’il ne l’aurait sans doute jamais cru. Arrivant finalement à l’étage où elle se souvenait avoir été pour venir chez Clay il y a de cela bien des années déjà, elle prit quelques instants encore pour s’imprégner de l’endroit, de ce dont elle se souvenait encore, rien que dans l’espoir de pouvoir retenir quelque chose si jamais elle se faisait jeter comme une malpropre. Sans doute qu’elle le méritait que trop bien d’ailleurs… rien que revenir ici après tout ce temps, la bouche en cœur lui semblait déjà trop… Si bien qu’elle s’arrêta devant la porte, s’attardant quelques secondes à réfléchir. Elle pouvait toujours revenir un autre jour… Quand ? Aucune idée… Quand elle aurait à nouveau le courage de faire une telle chose, ou quand elle serait à nouveau atteinte d’une crise de folie comme celle qui traversait son cerveau à cet instant précis. Hm, sans doute était-ce du aux nombreuses heures de route qu’elle alignait depuis plusieurs jours. Tant d’efforts pour venir ici… Cette ville qui lui rappelait bien trop de souvenirs, éveillait bien trop de regrets sur ce qu’elle avait pu rejeter dans sa vie passée. Quel désastre. Un bruit, venant d’elle ne savait même pas où et qui la fit sursauter vint la sortir de sa léthargie, si bien que, par mesure de précaution ou par réflexe pour ne pas passer pour une idiote qui squatte le perron des gens si jamais Clay venait à ouvrir sa porte par pur hasard, comme elle aurait pu le croire un instant, elle frappa… regrettant tout de suite après son geste. Dans le silence tendu qui sévit dans le couloir pendant les secondes qui suivirent, elle se mordit rageusement la lèvre, resserrant ses bras autour de sa poitrine… résistant douloureusement à l’envie de fuir, au besoin de… reculer. Non. Elle n’avait que trop reculé et elle avait bien trop aligné les conneries déjà dans sa vie pour avoir le droit d’en faire de nouvelles… surtout vis-à-vis de Clay. Les secondes défilaient comme des siècles. Trop long, trop douloureux… Trop de trop. Ses pieds, ses jambes, son corps tout entier lui hurlait de partir, de fuir à toute vitesse alors qu’il semblait définitivement tarder à ouvrir la porte et pourtant, son cerveau ne passait pas les ordres… il en était tout simplement incapable, paralysé par la peur, ou peut-être déjà endormi par la fatigue ou par le froid qu’elle sentait peu à peu venir mordre sa peau. Un nouveau frisson, d’elle ne savait pas quoi, petite panique qui vint la piquer sur le moment, ou peut-être juste une goutte de pluie qui venait de quitter ses cheveux pour dégouliner lentement dans son dos. Mâchoire crispée, elle sentit son cœur manquer un raté lorsque la porte s’ouvrit à la volée, sans ménagement sur elle. Pauvre petite chose face à la carrure toujours plus imposante de Clay. Bonté divine, elle avait encore l’impression qu’il avait pris bien trente centimètres depuis la dernière fois… la douloureuse dernière fois qu’ils s’étaient vus. Incapable de trouver les mots, elle ouvrit la bouche pour parler en premier, mais ne trouva rien à dire, si bien qu’elle se contenta de resserrer encore ses bras croisés sur sa poitrine, collant encore plus le tissu mouillé de sa tunique contre son corps gelé. Qu’est ce qu’elle faisait là ? Elle se sentait trop vide pour pouvoir aller ailleurs peut-être ? “Please, please, please… Forgive me.” Elle avait juste… plus besoin que jamais de le revoir. De se blottir dans les bras de la seule et unique personne qui ait pu l’aimer dans ce monde. Douloureuse prise de conscience qui l’avait prise alors qu’elle avait erré dans les rues de Indianapolis.
« Hey… » Oui, après tout, ce temps, c’était la seule chose qu’elle trouvait à dire. “Please, please, please… Forgive me” . Consciente que ce n’était pas assez, elle garda la bouche entrouverte, détournant le regard un instant, le temps de se reprendre et de ne pas paraître plus pathétique que ce qu’elle était déjà, trempée par la pluie qui s’était bien amusée à se déverser sur elle. Relevant finalement le regard vers Clay, elle sentit son cœur totalement s’arrêter dans sa poitrine. Paralysé par la culpabilité qui la clouait sur place. Mais… elle avait… tellement envie de… tellement besoin. Elle se sentait peu à peu s’effondrer, tomber, décompresser ce qu’elle avait entassé depuis tout ce temps. « Je… »
Elle termina sa phrase par un soupir, avant de baisser le regard, forçant sa gorge à se crisper douloureusement pour retenir ses larmes. Elle faisait tellement pitié à cet instant précis. Incapable de résister au besoin, incapable de trouver quoique ce soit à faire pour se racheter, ou peut-être parce qu’elle avait tellement de choses pour lesquelles elle devait s’excuser auprès de lui, elle ne trouva rien de mieux à faire que s’approcher violemment de lui, pour passer ses bras autour de sa taille et se serrer contre lui, se lover dans ses bras. Et enfin lâcher la pression sur sa gorge pour laisser les larmes venir mouiller ses joues tout autant que ce que la pluie avait déjà fait. Peut-être allait-il la repousser… probablement, allait-il la repousser et pourtant, elle n’avait même plus fait appel à son cerveau, juste à ce que son palpitant avait besoin pour pouvoir battre à nouveau… la chamade, comme si subitement, le vide qui s’était creusé en elle, avait retrouvé de quoi s’atténuer un peu.

Skye&Clay

« BACK TO THE START NOW »

Depuis combien de temps déjà ne l’avait-il pas vue ? Elle qui avait autrefois était si présente à ses côtés, une amie fidèle qu’il l’avait suivie depuis la cour de l’école, ils avaient passé tellement de temps tous les deux, il avait passé tellement de temps à ne penser qu’à elle, elle n’avait pas été qu’une simple amie, ni même juste sa meilleure amie, il l’avait tant admirée, tant appréciée, tant aimée. Oui, il l’aimait elle, même quand il sortait avec une autre fille au lycée, il avait appris à faire semblant avec les autres parce qu’il avait été longtemps incapable d’oublier Skye, elle était tellement importe à ses yeux, tellement parfaite, et lui ? Lui il n’avait eu de cesse de se dire qu’il n’était qu’un ami pour elle et que ce serait toujours ainsi. Son défaitisme n’est pas quelque chose de récent. Puis, la distance avait été mise entre eux, les études avaient forcé Clay a quitté la ville et puis se fut le tour de Skye et le contact gardé entre eux avait fini par éclater. Ils s’étaient déjà éloignés, Clay avait fini par se débarrasser de ce sentiment qu’il avait en lui, ou du moins, il avait réussit à l’enfouir suffisamment pour être capable d’en aimé une autre, il s’était marié, il l’aimait vraiment, bien plus qu’il n’avait aimé Skye, c’est du moins ce qu’il se répétait, et puis elle était morte, et il s’était encore éloigné de Skye, trop triste, trop malheureux, et puis, était arrivé ce jour, il y a déjà plusieurs long mois, où il s’était disputés, là bas à Indianapolis. Il avait réalisé petit à petit, qu’à la mort de Narcissa, il s’était rattaché aux rares fois où il pouvait voir Skye et ça avait sans doute fini par réveiller ce sentiment enfoui en lui, ce sentiment l’ayant poussé à la jalousie ou a une clairvoyance particulièrement efficace, qu’importe, le résultat était le même. Ils s’étaient disputés, la véritable première dispute qu’ils avaient eu en facilement vingt ans. Ils s’étaient si bien connus et pourtant ce jour là, ils s’étaient quittés un peu comme deux inconnus, partant chacun dans leur direction, comme si leur route se séparaient définitivement. Il aurait pu téléphoner, il aurait pu lui demander pardon, mais pardon pourquoi ? Pour lui avoir donné son avis sur son copain, un avis qu’il ne pouvait pas faire changer comme ça d’un claquement de doigts, de toute évidence, si son mec avait l’air d’être un connard fini, Clay n’y pouvait rien, et il n’avait même pas envie d’apprendre à le connaitre. Certes, Skye pouvait bien lui reprocher de ne pas faire d’efforts, ou bien lui dire, que elle, elle avait accepté Narcissa, mais de toute évidence, le simple fait d’oser comparer sa Narcissa à ce type l’aurait mit dans une fureur inimaginable, on ne mélange pas les torchons et serviettes tout le même, Narcissa avait été des millions de fois plus géniale que ce type, certes, il ne le connaissait pas, mais bon, en plus d’avoir l’air d’un connard, en plus de lui avoir pris Skye, ce type était le sujet de dispute qui avait tant séparé Clay de Skye, alors forcément, Clay ne pouvait que le haïr, si bien que se fierté masculine l’empêchait même de prendre son téléphone pour appelé Skye et lui demander des excuses, décidément, cette fierté masculine pouvait être des fois très dérangeante. En bref, les mois avaient passés depuis leur dispute et ils ne s’étaient pas reparlés depuis. Une si longue amitié, un amour secret brisé pour si peu et peut-être qu’au fond de lui, Clay n’avait pas voulu brisé ce pseudo bonheur auquel Skye était si accrochée. Si elle était bien avec ce type, si sa vie lui plaisait et bien c’était parfait pour elle, quel genre d’homme serait-il a essayer de briser ça ? Il serait sans doute lui-même un connard fini. Alors, il s’était contenté de quitter Indianapolis pour rentrer seul à Winchester, pour y vivre seul avec sa peine comme il le faisait si bien depuis deux ans, pendant qu’elle elle vivrait avec cette illusion du parfait amour avec ce type qu’elle connaissait à peine ! D’ailleurs, il le connaissait d’où ? Il n’en avait rien su, il ne savait carrément rien sur ce type et pourtant il avait contribué à détruire un peu plus sa vie déjà bien morcelée. Il lui avait pris l’une des dernières personnes qui semblait constitué son monde. Désormais, il ne lui restait qu’un petit bout de sa famille, qui semblait lui rappeler parfois à quel point il était maudit. Un père décédé à la guerre, glorieux soldat mort pour son pays, une père emportée par la maladie, pauvre femme que personne n’a pu soigner et une épouse détruite par la vie, prise par une folie que personne n’avait pu décrypter et maintenant, on venait de lui prendre Skye ! Il devait sans doute s’estimer qu’elle soit encore en vie. Qui serait la prochaine personne de son entourage à mourir ? Il était tant de lancer les paris, avec ses histoires de meurtres et la malédiction qu’il a en lui, c’est sûr que ses meurtres finiront par toucher encore quelqu’un dont il est proche ! Son beau-père ? Sa demi-sœur ? Il s’attendait presqu’à tout moment prêt à ce qu’on lui annonce leur mort ! Qu’avait-il fait pour mériter toute cette poisse ? Il n’en savait rien mais en tout cas elle était là et elle lui pourrissait la vie bien comme il faut ! Pauvre homme contrait à vivre dans la peine qu’on ne cesse de lui apporter. Et pourtant aujourd’hui, une infime partie de la roue avait peut être tournée, il s’était passé quelque chose qui faisait qu’elle était revenue, sans prévenir sans rien dire, elle s’était de nouveau trouvée sur le chemin de Clay, là, juste sur le seuil de son appartement.

Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Il n’en savait rien et se fut d’ailleurs la première chose qu’il lui demanda, la regardant comme si les quelques mois passés avait pu la changer et ils l’’avaient fait, sans doute plus qu’il ne l’aurait imaginé toutes les fois où il avait pensé à elle ses derniers mois. Elle était trempée, la pluie tombait dehors et il ne savait pas combien de temps elle était restée sous la pluie, combien de temps elle avait marché pour venir jusqu’à lui, et lui, il ne lui avait même pas adressé un sourire, même pas il ne l’avait rassurée alors qu’elle semblait si mal, même pas il ne l’avait invitée à venir se réchauffé alors qu’elle devait avoir si froid. Fierté masculine encore. Il lui en voulait, elle lui en voulait sans doute aussi, pourtant elle, elle avait eu le courage de traversé la pluie pour le rejoindre. Quand était-elle rentrée d’Indianapolis ? Il n’en savait rien, il y avait tellement de question qui tournaient dans sa tête alors qu’il n’avait toujours pas eu la réponse à la seule qu’il avait posé, froidement sans doute, sans même s’en rendre compte. Il la fixait alors qu’elle se tenait devant lui, changé par il ne savait trop quoi, la regardant le la tête au pied, son regard se posa sur son ventre arrondit, Clay n’avait certes pas inventé l’eau chaude, mais il n’était pas encore assez stupide pour se dire qu’elle avait simplement grossit, c’était clair qu’elle n’avait pas juste grossi à cause d’un excès de nourriture durant les fêtes dernières. Elle était sans doute enceinte. Le père ? Sans doute Grayson, son copain du moins il l’espérait, sinon, ça voudrait dire qu’elle était tombée enceinte d’un autre type qu’elle connaitrait depuis peu de temps, enfin bref, rien qu’il puisse lui souhaiter, déjà, qu’elle soit enceinte d’un connard, ça semblait peu génial ! Enfin bref, raison de plus de ce demander ce qu’elle faisait là, une femme enceinte, seule, qui traverse l’épaisse pluie pour venir jusqu’à l’appartement de son meilleur ami ou du moins de celui qui a tenu ce rôle pendant tellement d’années. Il n’eut pas de réponse, bien qu’elle essaya de prononcer quelque chose, rien de concret ne sortit de sa bouche. Il ne s’attendait certainement pas à ce qu’elle réagisse ainsi, la dernière fois qu’ils s’étaient vu, il aurait juré qu’elle rêvait de lui foutre une bonne tarte et voilà qu’après tout ses mois, la seule chose qu’elle fut capable de faire fut de venir s’agripper à sa taille. Le jeune homme fronça d’avantage les sourcils, il ne s’y attendait pas le moins du monde, mais il referma ses bras sur la jeunes femme pour la serrer contre lui. Il ne comprenait pas d’où venait cet élan soudain d’affection de la part de Skye, mais il ne pouvait pas le refuser, bien au contraire. Elle était là, le visage contre son torse, et voilà qu’elle pleurait maintenant. Pourquoi est-ce qu’elle pleurait ? Encore une question à laquelle Clay ne pouvait pas avoir de réponse. Une chose par contre était sûre sans qu’il n’ait besoin de poser la moindre question, c’était là comme une vérité indéniable, c’était là, le simple fait qu’elle puisse pleurer lui faisait mal, comme toujours. Pourquoi n’était-elle pas heureuse ? Elle aurait du l’être, c’était pour ça qu’il était partit d’Indianapolis, c’est pour ça qu’il n’avait jamais rappelé, parce qu’elle était heureuse avec ce type, alors elle n’aurait pas du se retrouver là, seule, à pleurer dans ses bras à lui. Il desserra son étreinte pour repousser légèrement la jeune femme, pour voir son visage et passer ses mains sur ses satanées larmes qu’il ne supportait pas voir sur le beau visage de Skye.

« Faut pas pleurer Skye, je sais pas ce qu’il t’arrive, je sais pas ce qui t’amène ici, mais je t’en supplie, ne pleure pas. Et puis regarde toi, tu es toute mouillée … Tu dois avoir froid, viens, rentre, on va trouver de quoi te réchauffer et puis de quoi te changer aussi, j’ai encore les … vêtements de … Narcissa. T’as même de la chance y a de quoi manger, c’est pas souvent qu’il y a à manger ici … Par contre y a aussi … beaucoup de bordel … fait pas attention au bordel … »

Tout en racontant tout ça Clay fit entrer la jeune femme dans l’appartement qui en effet n’était pas très bien rangé, sans non plus être une porcherie, on voyait bien que les lieux n’appartenait pas à monsieur propre ! Il referma la porte derrière la jeune femme. S’il avait su qu’elle viendrait ce soir, il aurait certainement fait un effort pour que tout ça soit un peu plus présentable, cela dit, vu son état, la jeune femme ne devait pas vraiment s’inquiétait de la médiocrité de l’appartement de Clay …

Skye&Clay

Ses bras. Elle avait juste l’impression de partir… que tout devenait enfin léger, incapable de l’atteindre. Sauve, en sécurité, protégée… Que pouvait-elle attendre de plus. Elle qui avait attendu bien moins de lui, elle qui avait déjà tout accepté dans les réactions qu’il aurait pu avoir. Elle aurait pu accepter qu’il la repousse, qu’il crie, qu’il la renvoie d’où elle venait… Mais elle n’avait paradoxalement pas été prête à ce qu’il la serre contre lui. Cette douceur. Ce contact malgré ses bras puissants. Définitivement, elle ne s’était jamais sentie aussi bien depuis des mois déjà et pourtant, elle continuait de pleurer comme la plus pitoyable des files qui ne lui soit jamais donné de croiser. Elle se faisait tellement pitié, depuis des mois déjà… Elle s’en voulait tellement et voilà où elle était à présent, lovée dans ses bras, frissonnant légèrement à présent que tout l’impact du froid semblait lui retomber dessus pour venir mordre sa peau de tous les côtés. Ces mêmes souvenirs, ces mêmes regrets qui revenaient dans sa tête… Elle s’était effondrée au premier moment où elle s’était rendue compte qu’il était parti, elle n’avait fait que regretter inlassablement tout ce qu’elle avait fait, tout ce qu’elle lui avait fait pour défendre… ce qui ne méritait finalement pas de l’être.

« Qu’est c’que tu veux à la fin ?! Et puis de toute manière, qu’est-c’que ça peut te faire d’avoir un ‘mauvais feeling’ ou j’sais pas quoi avec Grayson ?! C’est avec lui que j’ai décidé de vivre, point barre ! »
Folle de rage, elle avait été tout simplement folle de rage. L’impression d’avoir été trahie, d’être jugée dans chacun de ses choix là où elle, elle s’était tue. Où elle avait avalé, où elle s’était contentée de sourire pour masquer tout le désarroi qu’elle ressentait rien qu’en se rendant compte que finalement, la distance avait eu raison d’eux… que Clay avait tracé sa vie avec quelqu’un d’autre. Elle lui en voulait pour ça, elle le détestait pour s’être permis de faire ça et lui refuser de pouvoir avancer également. Il ne savait pas, il n’avait jamais su à quel point elle avait du lutter pour venir dignement sourire à son mariage et maintenant qu’elle lui demandant l’infime faveur d’au moins accepter la chance qu’elle avait d’oublier ce qui ne pourrait jamais être alors qu’il était hanté par le souvenir de Narcissa, il se contentait d’être franc, alors qu’elle, elle avait fait semblant… Sourit, rien qu’en le voyant sourire. Même si c’était avec une autre qu’elle.
« Tu pourrais m’écouter au moins, j’ai bien des raisons de penser ça ! »
Elle avait rageusement fait volte face pour lui faire face. Il n’avait aucune raison de dire quoique ce soit, pas après avoir été le premier à avoir trahi l’autre…
« Non, justement NON ! C’est MA vie, MON couple, et surtout MON futur ! Et si t’es pas capable d’accepter mes choix, va t’en… »
Sa voix s’était brisée sur la fin de sa phrase. Tout ce qu’elle était, tout son être regrettait déjà ses mots. Elle ne pourrait jamais vivre sans lui, vivre avec l’idée qu’il était parti à cause d’elle et qu’à présent, ils ne seraient plus rien l’un pour l’autre… La honte, le désarroi, elle ne savait même pas ce qui l’avait poussée à agir ensuite.
« Skye… »
« VA T’EN ! »
Un accès d’elle ne savait quoi et voilà qu’elle venait se jeter sur lui pour le pousser sans ménagement. Un simple instant de flottement, pendant lequel elle le regarda, scrutant son regard peut-être dans l’espoir de lui faire dores et déjà comprendre à quel point elle regrettait tout ce qu’elle faisait. Et puis, par fierté ou toujours par honte ou pour elle ne savait quelle raison, elle était partie de son côté, pour s’enfermer dans la salle de bain de son misérable appartement, claquant la porte théâtralement comme elle savait si bien le faire pour faire fuir n’importe qui.

Il aurait eu tous les droits de la repousser et d’ailleurs, il avait certainement tous les droits de ne pas comprendre la situation. Elle ne s’était même pas donné la peine de rajouter la moindre parole, comme si elle était mégalo au point de croire que ses malheurs étaient connus par la terre entière et que donc, sans même qu’elle ait besoin de parler, Clay savait tout de ce qui la tourmentait à cet instant précis, tout ce qui tournait dans sa tête au point qu’elle en vienne ici… à Winchester, entre les bras de Clay, comme si les mois qui avaient passés, comme si la dispute qui avait éclaté entre eux, n’avaient finalement aucune incidence sur ce qu’ils étaient. Un pieux mensonge… Il ne faisait certainement que ça au souvenir du bon vieux temps, ou juste parce que ça avait été toujours dans sa nature d’aider les autres. Elle le savait bien, elle l’avait toujours su, et c’était peut-être pour ça qu’il n’avait pas pu s’empêcher d’émettre à haute voix tous les doutes qu’il avait pu avoir contre Grayson… et elle, la seule chose qu’elle avait trouvé à faire, c’était l’envoyer balader… Comme elle n’aurait jamais cru possible de l’envoyer balader. Après tout ce qu’ils avaient connu, alors qu’il venait tout juste de perdre Narcissa, qu’il avait plus que jamais besoin de quelqu’un pour remonter la pente, elle avait totalement perdu patience, encore une fois trop centrée sur elle-même pour voir ce qui crevait les yeux. Sa vie, son bonheur… tout était parti à présent, alors qu’il se révélait finalement qu’elle avait fait une belle connerie et que plus jamais sans doute, elle n’aurait la chance de rattraper toutes ces années perdues, tout ce à quoi elle avait d’ailleurs renoncé pendant tout ce temps. Ses études, ses rêves… Clay. A cet instant précis, alors qu’elle sentait son cœur battre à la chamade alors qu’elle aurait pu croire qu’il était mort quelque part, entre Indianapolis et ici, elle n’avait plus qu’une certitude… aussi profonde pouvait être sa culpabilité, il lui avait manqué à la folie, plus qu’elle n’avait voulu l’admettre au fil des jours, alors qu’elle avait prétendu sourire, qu’elle avait prétendu avoir tiré un trait sur cette histoire et que maintenant, pour son plus grand bonheur, plus rien ne pouvait se mettre entre Grayson, elle et leur bonheur. Belle illusion, cruelle déception qu’elle vivait à cet instant précis, si bien qu’elle avait fini par fondre lamentablement en larmes, là où elle aurait sans doute préféré pouvoir rester digne. Elle avait tenu combien de temps ? Trente secondes, même pas… Rien pour arranger sa situation, rien qui ne pouvait éclairer un tant soit peu les rares éléments que Clay pouvait dégager de ce qu’il voyait. Oui, elle était seule, oui elle était trempée, signe qu’elle était venue à pieds, en errant à travers les villes comme une âme en peine, et oui aussi, elle avait commis la connerie de tomber enceinte. C’était une connerie… Et c’était plus que jamais ce qu’elle pensait, tandis qu’aujourd’hui, elle avait un enfant qui ne connaîtrait jamais son père, tout simplement parce que celui-ci ne voudrait sans aucun doute jamais en entendre parler. Elle le détestait pour ça… et pour beaucoup d’autres choses, des éléments qui s’étaient peu à peu entassés et qui aujourd’hui se déversaient dans son cerveau comme un flux d’informations qui ne cessait jamais. Quelque part, elle lui en avait voulu de ne pas avoir su être là quand elle avait eu le cœur brisé par le départ de Clay, par la culpabilité qui pouvait la bouffer à chaque fois qu’elle se souvenait que oh oui, c’était à cause d’elle qu’il était parti, et qu’elle n’avait alors rien à dire. Elle avait tout le loisir d’être heureuse sans l’ombre « Clay » qui voletait au-dessus d’elle… sans compter qu’elle avait enfin l’illusion d’être passée à autre chose, d’avoir su trouver le bonheur auprès de quelqu’un d’autre que d’un homme pour qui elle n’était que… la bonne amie mais qui, à choisir, ne fait que se fondre dans la masse des autres femmes. Inconsciemment, elle avait légèrement resserré son étreinte en le sentant faire, comme si elle s’accrochait à lui avec le plus de force possible pour bien s’assurer qu’il était là, consistant et fort comme avant et qu’il n’avait rien d’un rêve, d’une illusion ou d’une hallucination due à la fatigue qui s’était tant accumulée sur elle. Elle avait tellement de choses à lui dire, tellement de fautes à reconnaître, tellement de mauvaises conduites à se faire excuser auprès de lui… et pourtant, elle était incapable de parler, gorge serrée, juste capable de laisser couler les larmes de douleur qui s’échappaient peu à peu, alors que face aux autres, face à toute personne lambda qui ne connaissait rien à sa vie, elle s’était contentée de rester le plus digne possible, souriant aux compliments que les gens faisaient juste par politesse, feignant le bonheur aux gens qui la reconnaissaient, comme s’ils n’avaient jamais oublié son visage, malgré les années qui étaient passées mais qui n’avaient jamais fait changer Winchester.

Il l’écarta doucement de son étreinte, pour prendre son visage entre ses mains et tenter d’effacer ses larmes. Est-ce qu’il pouvait au moins différencier ses larmes de toute l’eau de pluie qui s’était déversée sur elle pendant tout le temps qu’elle avait passé à venir, repartir, hésiter, s’arrêter, faire demi tour, observer… encore et encore dans un cycle infernal qu’elle ne savait pas quel courage avait fini par briser. A ses paroles, elle força un sourire, histoire de faire bonne figure encore une fois. Elle aurait certainement pu prétendre qu’elle était plus heureuse que jamais et que ce n’était que le bonheur de le revoir et les hormones mélangés qui faisaient qu’elle fondait en larmes dans ses bras et pourtant… il fallait après tout qu’elle affronte, qu’elle reconnaisse ses erreurs, rien que pour faire comprendre à Clay qu’elle n’était pas là pour étaler les pseudo réussites qu’elle avait pu avoir dans sa vie, mais bien dans l’espoir fou de pouvoir rattraper un tant soit peu tout ce qu’elle avait envoyé valser quand elle avait décidé de tout détruire entre eux. Baissant rapidement les yeux alors qu’il l’entraînait à l’intérieur, elle eut un soupir de désarroi, avant de passer une main sur le torse du jeune homme, plus dans l’intention de désigner son tee-shirt que quoique ce soit d’autre.
« Bravo… voilà que t’es aussi pas mal mouillé… » Elle resta un instant à observer sa connerie, prête à fondre encore en larmes, cette fois-ci sans doute à cause de la rechute de toutes ces émotions qui s’étaient entassées et aussi à cause des hormones qui se bousculaient dans tous les sens. Trop de sensations fortes, trop de déception et finalement, cette impression que tout n’était pas perdu et qu’elle pourrait encore avoir une chance de… rattraper l’énorme fiasco qu’elle avait laissé trop duré entre Clay et elle. Elle releva finalement le regard vers lui, scrutant ses yeux un instant, avant de trouver le courage de parler à nouveau. « Désolée… » Désolée pour ? L’eau sans doute, ou encore l’arrivée impromptue dont elle gratifiait sa soirée. Qui sait, peut-être qu’il avait trouvé le moyen de reconstruire sa vie, peut-être qu’il avait changé, elle n’avait même pas songé à tout ça. Tout semblait s’être figé à Winchester et stupidement, elle n’avait même pas pensé à ce que Clay aurait pu construire de nouveau dans sa vie, tandis qu’elle, elle se contentait de détruire la sienne un peu plus. Ne pas faire attention au bordel, elle se contenta de hausser légèrement les épaules, observant autour d’elle. Barf, ça n’avait pas été totalement clean chez elle non plus ces derniers temps, maintenant que c’était débarrassé d’une bonne majorité de ses affaires, sans doute que ça faisait plus ordonné… Il ne restait à vrai dire plus que les meubles et les bibelots, elle n’avait pas pris le temps de vendre l’appartement, ni même d’embarquer quoique ce soit de plus que ses fringues et quelques trucs un tant soit peu précieux. Alors qu’il refermait la porte derrière eux, elle se retourna pour lui faire face, le regardant un instant avant d’avoir un léger sourire… incapable de faire plus à cet instant précis, alors qu’elle avait l’impression de dégouliner de partout.
« Merci… » Et voilà qu’elle détournait déjà le regard du sien, se mordant la joue avec force pour éviter de recommencer à pleurer. Jamais elle ne s’était sentie plus chez elle que chez Clay et pourtant, elle avait l’impression que cette blessure entre eux était plus que jamais présente, sans compter que maintenant que les kilomètres la séparant de Indianapolis se comptaient par centaines, elle comprenait enfin toutes les conséquences de ses actes. Plongée dans ses pensées, elle finit avoir un léger frisson, encore une fois, tout en resserrant l’étreinte de ses bras croisés contre sa poitrine, se contenant d’observer, dans une tentative de reconnaître les lieux, sans pour autant avoir le moindre mouvement, faire le moindre pas… rien que pour ne pas tout cradosser ou tout mouiller. Elle lui devait bien ça…