c. psychozee

Pepper Jean Davenport

Tell me everything about you

Le regard rivé sur le cercueil que l’on venait tout juste de mettre en terre, Pepper affichait un air serein. Sa notion de la mort n'était que très subjective et pour cause, elle n’avait que 4 ans mais, elle avait bien compris qu'elle ne la reverrait plus. Cela faisait un bon moment déjà qu’elle avait renoncé à écouter les paroles du prêtre mais, une question lui brûlait pourtant les lèvres alors elle leva doucement la tête vers son père et essaya d’accrocher son regard qui aurait pu être le parfait reflet du sien s’il n’avait pas été recouvert d’un voile de larmes. La fillette tira légèrement sur la manche de son père pour attirer son attention, elle ne semblait pas se soucier des personnes qui les entouraient, des reniflements incessants pas plus qu’elle ne se soucia de perturber le monologue du prêtre.

Pepper ♣ « Papa ? C’est vrai qu’on s’envole au ciel quand on est mort ? » demanda t-elle d’une moue parfaitement innocente.

Jake Davenport tenta de se composer un visage moins désolant en essuyant ses larmes d’un revers du manche et plongea de nouveau ses yeux dans ceux de sa fille.

Jake ♣ « Oui, mon cœur. On s’envole au ciel. »

Pepper ♣ « Alors il faut que je m’accroche très fort aux ailes de maman pour ne pas qu’elle parte. »

Il y eut une longue minute de silence au cours de laquelle plus personne n’osa parler ou renifler, tous les regards étaient braqués sur cette petite fille aux cheveux blonds comme les blés qui par une simple phrase venait de leur donner du baume au cœur et de leur rappeler ô combien ils auraient aimé n’être encore que des enfants. Une main se posa sur l’épaule de Pepper qui n’eut pas besoin de tourner la tête pour savoir qu’il s’agissait de sa grand-mère maternelle. Ne supportant pas voir son père pleurer, la petite s’empara de sa main qu’il serra instantanément puis, de l’autre, laissa tomber une rose blanche sur le cercueil où reposait Kristina Davenport née Campbell.

Prêtre ♣ « Puisse t-elle reposer en paix. Amen. »

S’en suivit quelques poignées de mains et autres accolades en tout genre des personnes souhaitant faire part de leurs « condoléances », un mot que Pepper ne connaissait pas et pour cause, c’était la première fois qu’elle assistait à un enterrement comble de l'ironie il fallait que ce soit celui de sa mère dont le visage se serait sûrement effacé petit à petit de sa mémoire s’il n’y avait pas eu les photographies et les vidéos souvenirs. Parmi les personnes présentes, certains visages lui étaient étrangers mais, elle reconnut tout de même le policier chargé de l'enquête, pour les autres, sans doutes étaient-ils présents par simple curiosité.

Le policier s'approcha de Jake et lui adressa une poignée de main, l'air solennel, c'est à peine s'il osait croiser le regard du père de Pepper.

Officier ♣ « Je n’arrêterai pas, Monsieur Davenport, je vous en fait la promesse. »

Le veuf se contenta de le gratifier d'un signe de tête puis, poussa doucement sa fille par son épaule pour l'inciter à avancer. Il était temps pour eux de quitter ce que Pepper surnommait « le Jardin des Morts ». Les années passèrent et bientôt l’on n'entendit plus parler des circonstances étranges de la mort de Kristina Davenport qui fut autrefois à la Une du Journal Régional de Winchester.
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Agenouillée près du coffre-fort de son père dont elle n’avait eu aucun mal à trouver le code, Pepper s’empara du dossier de sa mère. Il s’agissait là de sa propre enquête, tout ce qu’il avait rassemblé depuis dix longues années, tout ce que l’officier de police chargé de l’enquête avait bien voulu partagé et tout ce qu’il avait réussi à lui subtiliser afin d’en faire des photocopies également. Il ignorait qu’elle venait y mettre son nez parfois et elle ne donnait pas cher de sa vie si jamais il venait à l’apprendre un jour ou l’autre… C’était entièrement de sa faute, il aurait dû le lui dire, il aurait dû lui parler au lieu d’éluder les questions de Pepper et surtout, il n’aurait pas dû l’initier au Cluedo parce que voilà qu’elle s’était mise en tête de faire sa propre enquête. Pepper avait de temps à tuer de toute façon, être une enfant précoce lui permettait en outre de ne pas avoir à réviser ses leçons et puis, elle n’avait personne avec qui jouer. Ce n’était pas une enfant solitaire, juste une enfant qui appréciait le confort de sa maison et une fois rentrée il était particulièrement difficile de l’en déloger. Ce comportement incita son père à consulter un psychologue, Pepper ne comptait plus le nombre de fois où elle s’était allongée sur le fauteuil en cuir du Docteur Turner à répéter que sa mère lui apparaissait parfois.

Docteur Turner ♣ « Pepper souffre simplement de l’absence de sa mère. » avait-il dit.

Malgré son jeune âge elle s’était retenue de lui faire une réflexion concernant ces diplômes de psychologues qu’il exposait fièrement à la vue de ses patients comme pour les rassurer sur son droit d’exercer et pourtant, la fillette n’était pas dupe. Elle continuerait de croire aux fantômes mais, le cacherait pour ne plus finir de nouveau allongée sur le fauteuil de cet incapable.

Pepper eut tout juste le temps de monter un dossier pendant un an, un dossier qui rassemblait des idées surnaturelles avant que son père ne parvienne à mettre la main dessus. Contrairement à ce qu’elle pensait, il ne la jugea pas et sous les conseils de Turner, il lui trouva une occupation dans son cabinet, au fur et à mesure, son travail devint beaucoup plus conséquent jusqu’à ce qu’elle ne se soucie plus du dossier de sa mère, du moins, c’est ce qu’elle laissait paraître. A 14 ans, son père la nomma secrétaire officiel du cabinet Davenport, il lui offrit son premier appareil photo et lui confia parfois des missions beaucoup plus importantes. A 16 ans, elle s’occupait des filatures et sa grande spécialité résultait sans aucun doute dans le flagrant délit d’adultères et la rédaction d’articles pour le journal du lycée. Afin de déculpabiliser un peu son paternel, la jeune femme accepta de suivre des cours d’autodéfense jusqu’à y prendre goût voire même à s'exercer sur ses pauvres petits amis trop entreprenants. Après être sortie doyenne de sa promo du lycée, l’oiseau prit son envol pour intégrer une prestigieuse université où on l’avait chaudement recommandé. Elle excellait en criminologie et en journalisme, il n’y avait pas à dire, ses parents avaient fait du bon boulot mais, Pepper voulait suivre les traces de sa mère et à peine eut-elle terminée ses études de journaliste qu’elle retourna dans l’Indiana pour travailler au Journal Régional de Winchester.

Tell me how you are

♣ Winchester est sa ville natale et elle ne l'a jamais quitté sauf pour suivre ses études de journalisme.
♣ Son père est un détective privé de renom.
♣ Elle a longtemps travaillé pour le cabinet de son père comme secrétaire.
♣ Il lui a transmis tout son savoir et il lui arrivait parfois de l'aider pour certaines affaires.
♣ Passionnée par la photographie, elle a son propre appareil photo professionnel.
♣ Elle souhaite suivre les traces de sa mère autrefois journaliste.
♣ Son père n'ayant pas voulu lui répondre, elle a enquêté seule sur le meurtre de sa mère.
♣ Pepper croit aux fantômes mais, préfère ne pas le crier sur les toits au risque de se faire enlever par des monsieurs en blouse blanche et enfermer avec camisole de force d'autant plus qu'elle les soupçonne d'être à l'origine de la disparition de sa mère.
♣ Depuis qu'elle a son diplôme de journaliste elle travaille pour le Journal Régional de Winchester.
♣ L'homme de sa vie s'appelle Puppy et c'est un magnifique Cavalier King Charles Blenheim âgé de 7 mois.
♣ Pepper est une adepte du karaoké, on lui a toujours dit qu'elle avait une très jolie voix.
♣ A 26 ans, elle continue de tenir un journal intime.
♣ Il lui arrive souvent de se recueillir sur la tombe de sa mère et de lui parler.
♣ A l'instar de Bridget Jones, elle chante souvent sur All By Myself lorsqu'elle est déprimée.
♣ Voue un culte à la célèbre enseigne Starbuck.
♣ Sous l'influence de son père, elle a pris des cours de self défense.

Tell me what are you thinking

Je n’aurais su dire avec exactitude depuis combien de temps mon regard était perdu dans le contenu de mon gobelet en plastique. La machine à café était devenue l’objet de la fierté des journalistes qui travaillaient ici et pour cause, il avait fallu signer bon nombre de pétitions pour obtenir cette faveur du service financier mais, personnellement, je trouvais le café immonde. Il n’avait rien à envier à celui de chez Starbucks cependant, la météo du jour ne me donnait vraiment pas envie de mettre le nez dehors. Je fus rapidement rejointe par quelques collègues de travail qui s’extasiait d’avoir terminé le tirage du jour, ils me saluèrent et je leur répondis vaguement. Leur conversation dévia justement sur la lettre anonyme du 4 novembre, blasée, je les écoutais d’une oreille distraite jusqu’à ce que l’un d’entre eux ne daigne s’intéresser à mon avis.

Collègue ♣ « Et toi Peps ? T’en pense quoi de cette lettre anonyme ? »

Pepper ♣ « Pourquoi, c’est une interview ? »

Mon collègue leva instantanément les mains en l’air comme si j’avais braqué une arme sur lui, j’avais tendance à prendre la mouche dernièrement et il y avait de quoi parce que les corps avaient été retrouvés près de l’endroit où l’avait été celui de ma regrettée mère. Personne n’avait fait le rapprochement, pas même ce policier qui avait pourtant promis à mon père de ne cesser les recherches. Si seulement je faisais part de mes impressions ils me jugeraient sûrement bonne à enfermer surtout eux, à se demander s’ils descendent d’une longue lignée de concierges ou de bookmakers. De quoi changer radicalement cette idée reçue selon laquelle les Hommes descendent du singe, ces deux là tiennent plus des vautours qu’autre chose, aussi carnassier que ce genre de volatiles ! Quoi qu’ils en pensent, quoi qu’ils en disent, les fantômes existent et l’un d’entre eux a tué ma mère et les pauvres adolescents portés disparus depuis le soir d’Halloween.

J’ai du sang de détective qui coule dans mes veines, c’est sans doute ce qui m’a permis de devenir l’une des journalistes les plus promues ici mais, je sans reconnaître une bonne occasion de me taire. Les psychologues j’ai assez donné quand j’étais môme. La légende de McGlynn ? Bien sûr que j’y crois, le mode opératoire correspond étrangement à celui du meurtre commis 22 ans plus tôt, auquel cas, l’hypothèse la plus plausible serait un meurtrier fanatique avec une bonne crème anti-âge. Dans un dernier soupir, je me redressai de ma chaise et termina la mixture qui m’arracha une mimique de dégoût puis, lança le gobelet dans la corbeille d'un geste digne d'un basketteur professionnel.

Pepper ♣ « Je retourne bosser, see ya. »

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