Tell me everything about you

PART ONE -
Les bruits s’entre-mêlent dans le petit café de Winchester, sur la terrasse les gens parlent, la pluie tombe, l’atroce musique de fond stagne. Un journal traîne sur la table, des morts, encore et toujours. On ne parlait que de ça, dans la ville. Des rumeurs traînaient et des gens tombaient dans une folie sans détour. « Bonjour ! » Je me retourne, j’esquisse un sourire.
« Nicolas ! » Il m’embrasse, et s’assoit en face de moi, mes doigts se crispent légèrement, mes lèvres se trémoussent. Nicolas, c’est mon copain, ou plutôt mon dernier amoureux. Je n’ai jamais réussit à garder un garçon bien longtemps, quelques mois tout au plus, et puis je ne leur saute pas dessus, je flâne. Avoir vingt quatre ans, c’est avoir la vie devant soi. Son regard est protecteur, ses gestes sont raffinés et agréables. Mais au fond, il ne sait pas. Ma vie lui est comme un grand mystère, quelque chose d’insondable. Pas bête la guêpe, il a compris que j’étais russe à force de parler au téléphone mais pas grand chose de plus. Il a vu mon studio, mais pas là où j’ai grandi. Il connaît ma soeur, mais pas mon grand frère qui est retourné en Russie à mes cinq ans. Il ne connaît pas mon histoire, car je ne la connais pas moi-même.

On commence à parler, et je me perds dans ses yeux. Des yeux profonds et touchants, nous ensorcelant au premier abord. Pour autant, je n’y fais pas attention, j’ai la tête ailleurs et même pas dans les nuages juste pas face à lui, là, maintenant. Je pense à aller voir Annie plus tard, puis peut-être sortir, demain je dois aller finir mon dossier cinématographique, je ne suis pas encore sûre de mon dossier final. C’est ce Dimitri, il m’a perturbé.

-Et, ça te dirait d’aller voir un peu du pays ?
Je le regarde perplexe, mon regard s’émoustille -peut-être l’a-t-il remarqué-
-Comment ça, aller voir du pays?
-Je pensais t’emmener en Californie, aller voir la famille, j’ai un studio près de S.F
-Quand ?
-Quand tu veux, je pensais à ce week-end, Joe, Kyle et Heath viendront aussi. Annie peut venir, évidemment.

J’accepte, évidemment.
On flâne, on ne se rend pas compte du temps perdu. Ou gagné. On le voit juste s’écouler, à petit ou grand pas, et nous à le suivre. Nos portables sonnent, il part rejoindre Heath, je m’en vais voir Annie.

PART TWO -
Mon regard se stoppe net. Mon coeur se resserre, mes entrailles me dévorent. Je ne sais pas, je ne sais rien. Allez le voir, l’ignorer. Son regard me transperce, une envie magnétique me prend, je veux aller le voir. « Tu sais, vraiment, tu devrais faire quelque chose à propos de ça, et puis tu sais Heath.. Non mais c’est cool, ça marche pour ce week-end. » Je ne l’écoute pas, Annie lance un flot de parole mais c’est comme s’il n’y avait rien, si ce n’était que silence. J’attendais.

« Keira? » Mon regard ne quitte pas sa silhouette, j’étais gravée dans le marbre.

-Aie ! Qu’est-ce qui te prend là ? Pourquoi tu me tapes ?
-Tu m’écoutes ?
-Oui !
-Et bien alors, qu’est-ce que je fais pour Heath ?

Je reste bloquée, je n’ai rien suivi. Qu’est-ce que Heath vient s’entremêler à notre conversation, elle m’explique une nouvelle fois : hier soir, quand j’ai dormi chez lui après notre petite soirée entre copains, elle est partie dormir chez Heath, ils ont baisé toute la nuit, elle veut le rappeler mais n’ose pas. De toute manière, ils se reverraient ce week-end, on partirait tous ensemble.

-Eh bien, appelle-le.
-Non.
-Comme tu veux.
-Et toi, tu pensais à quoi ?

J’avais envie de lui dire que je pensais à mon monde. Mon propre monde, tout le monde en possède un, et le mien commence à me posséder. Je ne le comprends plus, je m’y suis perdue.

-A lui, là-bas. Dimitri.
-Le nouveau ?
-Je ne sais pas.

Tell me how you are

Keira est fière de ses origines russes - est passionnée par l'histoire de son pays - il n'empêche qu'elle se plaît beaucoup en amérique - est allergique aux pastèques - adore dessiner, surtout des visages, des émotions - la musique, c'est une grande partie de sa vie - n'est jamais contre quelques heures de solitude - découpe les caricatures qui lui plait dans les journaux - dort recroquevillée sur elle-même - a beaucoup d'insomnies - se bourre au café - aime bien son deuxième prénom, ava - sa boisson préférée c'est la menthe à l'eau - fume comme un pompier - a le sens du rythme dans la peau - aime sortir et le fait d'être en semaine ne la gêne pas - toujours présente en cas de blues - n'a pas de style particulier de musique - a déjà touché a plusieurs sortes de drogues - bonne vivante - a un petit frère, Alan, dont elle prend soin - apprend le russe et le parle un peu près correctement - a une folie pour les loutres - est une fan des bons sketchs de comiques - aime occasionnellement passer une soirée devant la télé avec des pops corn et une couverture bien chaude - ne peut pas s'empêcher de tournoyer ses cheveux avec son index - a la collection complète des films des frères coen - étudie avec hargne la période d'après guerre sur la littérature française, et préfère camus à sartre - a des côtés philosophiques qui ressortent lorsqu'elle a trop bu - a une bibliothèque impressionnante chez elle - le soir elle préfère le thé au café - a appris à faire du beatbox au lycée - adore voler les gros pulls de ses amoureux - se pince la lèvre inférieure lorsqu'elle ment - n'aime pas le vernis - n'a toujours pas trouvé de signature fixe - a des sautes d'humeurs assez régulièrement.

Tell me what are you thinking

Je ne sais pas ce que je dois croire, les contes, les histoires magiques je n’y ai jamais cru. Merlin l’Enchanteur était une bonne blague, Charmed était le cliché de tous les clichés, et les sorcières de Salem est encore une guerre secrète. Mais là, que peut-on dire face à une ville entière se mettant à atteindre ce niveau de folie ? Ces pensées malsaines partent du point central : les morts. Ce sont des faits concrets qu’on ne peut pas nier, même le plus grand scientifique d’Amérique ; ils ont été décapité comme des animaux sortant d’un abattoir. Peut-être est-ce l’oeuvre d’un fou, d’un psychopathe ou d’un schizophrène en liberté, mais avoir perdu Jane si facilement c’est forcément perturbant. Je ne sais pas en quoi croire, ni quoi imaginer. Je me renseigne, je test le niveau de crédibilité des «adeptes» de cette nouvelle rumeur lancé par ce vieux conte sur McGlynn, et je fais la part des choses.
Je suis incrédule.

Bienvenuuuuuuuuuuuuuuuuuuuue

Citation :

a la collection complète des films des frères coen